Rien ne va plus.

Tout semble apparemment être déjà parti en fumée. Ces épais panaches chaotiques, écran noir, cendres de l’Histoire, mouvants et indéfinis, asphyxient l’espace laissant peu de possibilité à la fuite. L’horizon rectiligne, ne tient plus compte de la courbure de la Terre. Il est croissant ou décroissant, suggérant les graphiques des insaisissables et volatiles fluctuations des marchés financiers, les indices de mesure statistique de sondages d’opinions, de résultats électoraux ou de taux d’abstention. La fumée agit comme un signal, un avertissement, afin d’éviter que l’avenir tourne court. Peut-être laisse-t-elle présager une onde de choc, un pouvoir destructeur dû à la soudaineté et à la vélocité d’un feu qui couve. Au loin se profile une menace, un renouveau peut-être, cet ébranlement par le vide dont l’impétuosité est à craindre ou à souhaiter, transformera positivement l’aspect des choses, d’un seul coup, par le pouvoir régénérateur du feu. Faites vos jeux…

Jo Brouillon

Jo Brouillon – Tempête sur l’image. Dans le tourbillon des techniques que convoquent les tableaux de Jo Brouillon, le bien nommé, on repère du collage, du dessin, de la photographie ou de la peinture… et presque autant de références qui, du hip-hop aux comics japonais, font souffler sur ses images un joyeux vent de panique. Ce qu’exprime le désordre apparent des oeuvres de ce trentenaire français ? Les influences cosmopolites qui, par rafales successives, traversent désormais le champ de la création. Un métissage culturel aussi drôle que poétique, qui ouvre à l’art comme à l’esprit de bien belles perspectives.

Arts Magazine, n°37, Octobre 2009